Atelier d’écriture d’août 2014

Mise en condition...

Mise en condition…

Atelier d’écriture érotique, extraits !

Mise en condition au soleil, les pieds dans l’eau autour d’un apéritif, les carpes étant conviées à déguster elles-aussi !

Une recette marine :

Moule aux oursins

Ingrédients :

Une grosse moule

Un oignon

Une anémone de mer

3 oursins

Une noisette de beurre

Choisissez une belle anémone de mer bien fraîche : elle doit être lisse et rose. Si elle est bien en forme, enduisez la de beurre chaud jusqu’à obtenir un luisant appétissant et une texture ferme. Entourez de quelques rondelles d’oignon, et piquez-la d’oursins en touffe à sa base.

La phase la plus délicate consiste à embrocher la moule sur l’autre extrémité de l’anémone. Si le beurre bave un peu ce n’en sera que mieux, et la moule coulissera aisément.

Mettez à four doux : 37 C maximum.

Selon la taille de l’anémone, ce plat peut se déguster à 2 ou 3 personnes.

 

Sexe au boulot

 

« bzz bzz ». Sur le bureau, mon portable tressaute d’un texto.

« Tu as mis une petite culotte ? »

Je pouffe, malgré le regard sévère et le froncement de sourcils de ma collègue. Prise d’une envie subite, je file aux toilettes enlever l’objet du délit, attrape un dossier bidon et vais toquer à la porte de mon responsable.

« Vous m’avez fait demander ? »

Le sérieux de ma voix contraste avec l’œillade coquine que je lui adresse. Dans mon dos, le couloir grouille de monde.

« Entrez », dit-il d’un ton sec.

Je ne me laisse plus impressionner qu’en apparence par son aspect ultra professionnel. Une conscience aiguë de ses responsabilités amidonne ses chemises et son attitude, jusqu’à le rendre parfois dur et cassant. Mais la porte refermée, ses yeux verts collent à mon corps. Chatte en chaleur, je passe derrière le bureau et viens onduler de la croupe à côté de lui. J’ouvre le dossier alibi, et nous nous penchons tous les deux au-dessus, comme si son contenu offrait un intérêt prodigieux.

Il glisse la main sous ma jupe, et obtient rapidement la réponse à sa question SMS. Ses doigts habiles me caressent doucement, puis deviennent plus hardis et pressants, en même temps qu’augmentent la chaleur et l’humidité en haut de mes cuisses. J’ai un mal fou à garder les yeux sur les papiers. Lui guette sur mon visage les signes du plaisir qui monte. Il a un regard de loup affamé. Je me sens poupée de chiffon, m’agrippe au bureau et commence à haleter. La sonnerie du téléphone me surprend en pleine ascension.

Les doigts dans mon sexe s’immobilisent. Coup d’œil sur l’écran de l’appareil.

« Merde, le Directeur »

Je me redresse, rajuste ma tenue, et sors du bureau avec toute la dignité dont je suis capable…

 

 

Un exemple de retour de « Panier à emporter », dans un tout autre registre…

Le Hacheur

Histoire réelle ou non, c’est l’histoire d’un homme prénommé Ebart. Cet homme de 1,75 m de hauteur, à la peau métissée et aux cheveux bruns est apprécié par tous ses voisins. Du haut de ses 28 ans, il a tout ce dont un homme peut rêver. Une gentille et belle femme, une grande maison en centre-ville, une voiture de luxe. Ebart est un être calme et généreux, il aime les petites choses de la vie et apprécie tous ceux qui l’entourent.

Mais si Ebart a l’air d’aimer la vie, il y a tout de même une chose qu’il déteste. En effet, cet homme, doux et patient, abomine la tache, la zone, la forme sombre…. L’Ombre.
L’ombre qui attache toute chose, qui poursuit tout être.
L’ombre qui fait fuir le Soleil, qui avale le monde.
Cette crainte est en lui depuis le début sa vie. Bébé, il hurlait dès que la nuit tombait. Il ne peut pas marcher sur un trottoir plongé dans l’ombre d’une maison. S’il y a uniquement l’ombre d’un poteau sur le trottoir, Ebart la contourne en passant sur la route ou change carrément de côté. Il dort la lumière allumée, ne va pas au cinéma, n’utilise jamais de véhicule fermé tel que le bus ou la voiture.

Ainsi est la vie d’Ebart.

Ses parents ont tout essayé pour lui faire oublier cette peur. Ils ont demandé à un psychiatre de les aider. Celui-ci a pris Ebart, 8 ans, en consultation.

— Pourquoi as-tu peur de l’ombre ? Lui avait demandé le psy.

— Je ne sais pas, avait répondu Ebart.
— Mais il y a beaucoup d’ombre dans le monde. De laquelle as-tu peur exactement ?

— De toutes.
— Même la tienne ?

À cette question, Ebart n’avait pas répondu. Il avait hurlé et s’était roulé par terre pour détacher son ombre. Le psychiatre avait dû appeler du renfort pour le contrôler. Le professionnel de la psychologie avait fait une erreur : il avait révélé à Ebart qu’une ombre était attachée à lui, ce qu’il, apparemment, ne savait pas. Ils ont du le mettre sous calmant pendant plusieurs jours, mais la peur n’avait pas disparu, au contraire, elle avait doublé.

Plus tard, ses parents l’ont emmené voir un hypnotiseur. Celui-ci, après de nombreuses séances et beaucoup d’argent dépensés, avait rendu son verdict :

« Impossible de lui faire changer de vision ou même d’atténuer sa peur. C’est trop ancré en lui. J’ai tout de même réussi à l’hypnotiser pour qu’il accepte sa propre ombre. Maintenant, il ne la voit plus. Pour lui, il est un garçon sans ombre. »

Donner un bonbon à chaque fois que l’ombre approchait, éteindre progressivement la lumière, le faire jouer à côté d’une ombre n’avait également pas fonctionné.

Ses parents, désespérés, ne savaient plus quoi faire.
Deux ans plus tard, un jour qu’Ebart pleurait et tremblait de peur à cause de l’ombre de sa peluche, son père, bucheron dans l’âme et le sang, l’a agrippé par les épaules et l’a regardé droit dans les yeux :

— Écoute-moi bien mon petit ! gronda-t-il. L’ombre est ta pire ennemie. Et le meilleur moyen de vaincre un ennemi, c’est de le haïr ! Tu dois détester l’ombre ! Arrête d’en avoir peur ! Haïs la !

— Je… Je comprends… avait répondu Ebart.

— Tu dois la dominer ! Elle doit te respecter ! Et j’ai ce qu’il te faut pour ça.

Sur ces paroles, le père d’Ebart alla dans la cabane du jardin et en sortit avec sa meilleure hache qu’il offrit à son fils. Depuis ce jour, Ebart n’avait plus eu peur de l’ombre, il l’avait maudite.

Ebart avait toujours gardé la hache. Elle est maintenant au-dessus de la cheminée, nettoyée et aiguisée tous les jours. Symbole de pouvoir, il n’y a qu’Ebart qui puisse la toucher. Il avait peur que quelqu’un, en la touchant, enlève la puissance de son père présente dans la hache. Ainsi, même sa propre femme ne pouvait y toucher.

Celle-ci est d’ailleurs au courant de la rage de son mari contre l’ombre et fait de son mieux pour lui faciliter la vie. Aimante et fidèle, elle fait en sorte de fermer les volets avant la tombée de la nuit et allume la lumière dans toute la maison. Elle lui raconte de belles histoires pour lui faire oublier son horrible enfance. Elle lui paye des séances de relaxation et de massages chaque semaine pour le déstresser. Quand ils vont se promener, elle fait en sorte de choisir les chemins les plus éclairés, évitant toutes les rues un peu trop sombres. Elle lui fait faire un petit jeu oral à chaque fois qu’ils sont obligés de passer sur une ombre, pour le distraire quelques instants.

Ebart se rend compte qu’il a une chance énorme d’avoir une femme aussi adorable et n’hésite jamais à lui faire des cadeaux, lui préparer des petits plats, lui offrir des fleurs… Ils coulent ainsi des jours heureux, laissant l’ombre de côté, la faisant disparaître petit à petit.

Jusqu’au jour où l’Ombre réapparut, ébranlant le petit monde d’Ebart…

Nous sommes un samedi après-midi, Ebart est tranquillement assis sur son fauteuil, regardant son émission favorite en compagnie de sa femme. Soudain, on frappe à la porte. C’est belle-maman qui a une chose importante à dire à sa fille. Ne voulant pas déranger Ebart, sa femme sort dans la rue pour pouvoir discuter avec sa mère.

Une heure passa avant que l’émission ne se termine. Ebart regarda la pendule. Quelque chose le troublait. Sa femme n’était toujours pas rentrée et la nuit allait tomber dans moins d’une heure. Quelques démons commencèrent à s’insinuer dans sa tête. Il se souvint alors que sa belle-mère était venue voir sa fille et les dames étaient sorties discuter.

Rassuré, Ebart regarda par la fenêtre et se pétrifia.

Elle est là.

Elle glisse, sournoise, vers les deux femmes.

L’Ombre.

L’ombre est là.

D’ailleurs, elle ne glisse plus. Elle est déjà collée aux jambes des deux femmes. Le haut de leurs corps est baigné dans la lumière, mais leurs jambes sont enveloppées par l’ombre.

Elle les tient.
Ça y est, les démons sont installés dans sa tête. Toute sa haine étouffée. Toute sa crainte pour un ennemi intouchable. Tout lui revient en mémoire d’un coup.   Ebart revoit le psychiatre, l’hypnotiseur, son père, sa hache…

D’un bond, Ebart attrape la hache de son père, toujours aussi propre, aussi bien aiguisée… Il se rue dehors plein de haine et de soif de meurtre. Arrivé à la hauteur des deux femmes, il lève son bras et donna un grand coup de hache sur l’ombre.
Sa femme, en le voyant arriver, comprit qu’elle l’avait perdu. Elle avait vu la haine sur son visage. Elle avait vu, trop tard, l’ombre sur leurs jambes. Elle avait vu la hache monter au ciel et s’abattre sur sa jambe dès le premier coup. Elle avait compris qu’il voulait simplement la sauver de son ennemi. Mais ce qu’elle avait surtout vu, c’était la peur, une énorme frayeur dans ses yeux.

Ebart donna coup sur coup, visant toujours l’ombre qui enveloppait les jambes de son épouse et de sa belle-mère. Le sang éclaboussa son visage et ses vêtements. Ses mains étaient rouges et sa vision commença à se brouiller. Il s’arrêta quelques instants. Les deux femmes étaient à terre, inertes, les jambes en lambeaux. Ebart ouvrit de grands yeux. L’Ombre avait tué sa femme…

Les voisins qui passaient dans la rue à ce moment-là ont prévenu les pompiers et les gendarmes. Quand ceux-ci sont arrivés, ils ont emmené les deux femmes à l’hôpital de toute urgence et ont sorti Ebart de chez lui.

Quand Ebart avait découvert son épouse en sang couché par terre, il était rentré dans sa maison pour appeler du secours. Mais une fois la porte passée il avait vu toutes les ombres qui se trouvaient chez lui. Devenu fou, il avait donné des coups de hache sur tous les objets, les fendant en deux et détruisant la totalité de la maison. Puis il avait allumé toutes les lumières et avait fermé à clef pour ne pas laisser l’ombre rentrer.

Les gendarmes avaient pu rentrer par les fenêtres qu’Ebart avait saccagées. Ils avaient découvert l’homme assis par terre, les yeux vident, donnant des coups de hache devant lui, sur sa propre ombre. Les lumières étaient éteintes, car Ebart les avait également détruites. Les pompiers ne comprendront jamais comment Ebart a pu éviter les coups d’électricité qui auraient dû le tuer…

 

Lors du procès, Ebart déclara :

« Tout est de sa faute…. Pas la mienne… Seulement la sienne… Depuis toujours… »

Le juge, interloqué, lui avait demandé de qui il parlait. Ebart avait levé sa tête, crispée par la rage, les yeux rouge et fou et avait dit dans un grognement furieux :

« L’Ombre. Elle vous dévorera… tous… comme elle a dévoré ma vie. »

Ce furent ses derniers mots.
L’avocat plaida la folie ainsi Ebart fut interné dans un centre psychiatrique pendant 3 mois.
Une fois revenu chez lui, Ebart vécut dans sa maison dévastée et resta enfermé chez lui toute la journée. Il passera ainsi toutes ses journées, à détester tout et tout le monde et sera connu de tous ses voisins comme étant « Le Hacheur, l’enfant sans ombre ».

 

FIN